Enlèvement des coliformes fécaux dans un filtre à bio-sable
Selon le plus récent rapport des Nations Unies sur les objectifs du Millénaire, plus de 2,1 milliards de personnes ont gagné accès à une source d'eau potable améliorée au cours des 21 dernières années. Toutefois, 636 millions de personnes demeurent sans accès à une eau de qualité en quantité acceptable. Les maladies diarrhéiques, souvent causées par des microorganismes pathogènes d’origine fécale présents dans l’eau consommée, représentent un risque pour la santé de ces populations. L'implantation de technologies traitant l’eau au site d’utilisation constituent un moyen peu couteux et simple pour atténuer ce risque. Elles sont conçues pour traiter 20L par jour, soit la quantité minimale quotidienne estimée pour un ménage selon l’OMS. Parmi elles, le filtre à bio-sable (FBS) a fait l’objet du projet de recherche qui est ici présenté.
Notre projet de recherche a été mené dans le but de mieux connaitre le niveau de protection microbiologique qu’offre le FBS. Son principal objectif consistait à adapter le protocole dévaluation des technologies de traitement de l’eau au point d’utilisation publié par l’OMS 2011 à un prototype de FBS en laboratoire. Nous avons dosé quotidiennement, durant 31 jours, le prototype avec une eau brute synthétique simulant une source hautement polluée en coliformes fécaux. L’eau était préparée en laboratoire à partir d’effluent prélevé à la station dépuration de Québec. Les paramètres recommandés par l’OMS pour caractériser les performances du FBS en laboratoire, tel que son débit et les concentrations en coliformes fécaux (CF) de l’eau brute et de l’eau traitée, ont été mesurés quotidiennement.
Les résultats obtenus indiquent une tendance contraire à celle observée dans la littérature. Normalement, l’enlèvement en CF (différence entre la concentration en CF de l’eau brute et celle de l'eau traitée) augmente au fur et à mesure que le débit diminue (maturation du filtre). Dans notre cas, le débit a suivi la tendance observée par la littérature. En revanche, le FBS enlevait de moins en moins de CF au fur et à mesure que le débit diminuait. Ces observations nous ont amené à nous questionner quant à la possibilité que les CF puissent survivre et croitre dans le FBS. Les risques pour la santé que comporte l’utilisation d'un FBS dans lequel se reproduiraient des microorganismes pathogènes ont également été soulevés. Nous croyons qu’ils méritent d’être étudiés dans de futurs travaux sur le FBS.
Biographie
Félix Légaré-Julien est étudiant en génie des eaux à l’Université Laval et travaille comme auxiliaire de recherche pour le professeur Caetano Dorea. Son intérêt pour les enjeux liés à l¹eau a débuté au cours de ses études en soins infirmiers au Cégep de Sainte-Foy.