Droit international, 3e cycle, Université Laval
La qualification problématique de la relation entre sécurité humaine et droits de l'homme
Le concept de sécurité humaine a été introduit en 1994 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Toutefois, les définitions données à ce concept demeurent souvent imprécises et il n’existe pas actuellement de consensus dans la doctrine à ce sujet, bien que l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) ait récemment adopté une résolution incorporant les éléments d'une définition commune de la sécurité humaine.
Le concept de sécurité humaine, davantage lié à la notion de développement, se juxtapose à la notion de droits humains et au corpus législatif de droit international s'y rattachant. De ce fait, il existe une interrogation théorique sur la relation entre la notion de droits humains et celle de sécurité humaine créant un flou juridique et politique. En effet, il est difficile d’établir s’il s’agit de concepts qui se complètent ou s’opposent dans leur approche. Cette ambiguïté, ainsi que la définition plutôt vague, rend difficile l’application de la sécurité humaine et empêche conséquemment le développement optimal des pays en situation de crise. La sécurité humaine ayant pour but une collaboration entre plusieurs acteurs axés sur la prévention des menaces, il est impératif que ceux-ci aient une vision commune de la fonction et du cadre d’utilisation des outils mis à leur disposition, notamment les instruments de protection des droits de l’homme, dans la réalisation de leurs objectifs.
Notre étude se propose d'explorer les liens entre sécurité humaine, telle que définie par l’AGNU, et droits de l’homme. Elle suggère également de comprendre le concept de sécurité humaine comme un cadre, un angle d’approche, auquel il est possible de donner divers attributs et de voir les droits de l’homme comme l’objet rendant le cadre concret et utile. Ainsi, le concept de sécurité humaine peut être pensé comme un véhicule favorisant le respect des droits de l’homme et non une obligation à atteindre pour les États. Pour conduire cette recherche, nous avons effectué une revue doctrinale des écrits traitant de la définition et de l’usage sécurité humaine. Au surplus, nous avons examiné les principaux instruments internationaux de protection des droits de l’homme à la lumière du concept de sécurité humaine.
Biographie
Marie Noël Collin est candidate au doctorat en droit à l’Université Laval sous la supervision de la professeure Julia Grignon. Elle a obtenu une maîtrise en common law et droit transnational à l’Université de Sherbrooke pour laquelle elle a rédigé un essai sur la détention des demandeurs d’asile en vertu de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Elle travaille présentement sur les interactions entre le droit international et les organisations criminelles liées au narcotrafic en Amérique latine.